FTC SPORT : La presse en parle

Interview de Matthieu Papin : "ma clientèle a très peu de temps pour s'entraîner, donc elle a choisi de s'entraîner vite et efficacement."

© Vélo 101

Vendredi 12 juin, 7h30. Les vingt-huit stagiaires 53x12 sont déjà bien installés pour le petit-déjeuner. Normal, la règle des trois heures s'impose là aussi. On est en stage pré-Etape du Tour et la fine équipe va prendre le bus pour Montélimar. Au programme, les 150 premiers kilomètres, soit jusqu'à Mormoiron. De quoi bien prendre ses repères : le vent, les bosses, les relances et les fontaines ! Matthieu Papin est là. Avec Marc et Christian, ils ont peaufiné la reco, et Alain Prost va les rejoindre pour, une fois supplémentaire, bien prendre ses marques sur ce parcours où il joue (presque) à domicile. La deuxième partie de la reconnaissance se fera le dimanche après des détours touristiques par les Gorges de la Nesque. Le café, bon moment pour découvrir les multiples casquettes de Matthieu Papin, qui coache, entre autres, une trentaine de cyclistes, marathoniens, triathlètes... Vous avez dit éclectique ! C'est parti !

Matthieu, pouvez-vous tout d'abord vous présenter ?
"Je suis ingénieur ergonome du sport, j'ai fait un doctorat en biomécanique du sport. Aujourd'hui je travaille essentiellement sur la programmation d'entraînements individualisés. Je fais beaucoup de travail d'ergonomie pour des sociétés extérieures, un travail de consulting en particulier."

Quel genre de sociétés ?
"Je travaille notamment beaucoup avec Sidasconform'able, qui est spécialiste et leader mondial de l'orthopédie et de la podologie du sport. Ils développent énormément de produits pour améliorer le confort des sportifs, avec des modèles spécifiques au cyclisme, au trail, au running, au ski. Des modèles spécifiques à chaque activité."

L'orthopédie est-il un sujet d'avenir pour le cyclisme ?
"Les cyclistes souffrent beaucoup des pieds, comme d'autres sportifs, notamment les coureurs à pied. Et c'est vrai que les chaussures ne sont pas toujours adaptées aux pieds du cycliste. La semelle podologique va permettre de créer une interface optimale entre les deux et d'adapter la chaussure au pied."

Vous avez travaillé auparavant dans les études posturales, est-ce un domaine que vous avez toujours en tête ?
"C'est un domaine que j'ai toujours en tête, bien entendu. Je travaille actuellement sur le développement d'un nouveau système d'analyse posturologique, à destination principalement des professionnels du milieu médical tels les podologues posturologues."

Vous évoquiez l'entraînement par distance, combien d'athlètes coachez-vous ?
"Aujourd'hui, je coache un effectif de trente individus environ sur l'année."

Parmi eux figurent des athlètes de renom comme Alain Prost et Paul Belmondo, qui ont un emploi du temps chargé, comment parvenez-vous à les diriger ?
"Justement, je dirais que c'est parce que ces gens-là ont des emplois du temps compliqués qu'ils s'adressent à moi. Ce sont des passionnés de sport et de cyclisme, des individus qui aiment la performance, qui veulent avoir des résultats, mais dont le temps est compté. Ils ont très peu de temps pour s'entraîner, donc ils ont choisi cette solution de façon à s'entraîner efficacement, sans perte de temps. Ils font énormément d'entraînement sur home-trainer, ce qui leur permet de développer leur potentiel physiologique, leur PMA, leur Vo2 Max. Ce sont des entraînements le plus court possible mais aussi le plus efficace."

Comment travaillent-ils avec vous ?
"Paul Belmondo travaille avec un Powertap. Beaucoup m'envoient simplement leurs fichiers cardiaux. C'est à partir des retours qu'ils m'envoient que je peux ajuster et rectifier les programmes en permanence. Tous les gens avec qui je travaille ont des emplois du temps extrêmement chargés.Ce sont des PDG, des cadres supérieurs, qui pour beaucoup habitent à Paris et travaillent essentiellement sur home-trainer après 22h00."

Continuent-ils de progresser encore malgré leur emploi du temps très chargé ?
"Tout à fait. A partir du moment où ils attaquent un programme d'entraînement qualitatif, les progrès sont fulgurants, à condition bien sûr de suivre le programme, ce qui n'est pas toujours évident au début. Les séances sont difficiles, mentalement notamment. Après un bon mois, les progrès se font ressentir, et à partir du moment où les résultats sont là dans les cyclosportives, ils continuent !"

Le gros objectif de chacun, c'est l'Etape du Tour ?
"Oui, essentiellement. Des épreuves également comme la Marmotte ou la Time, mais l'Etape du Tour est l'objectif numéro un de leur saison. Pour l'instant ça va, 90 % des athlètes sont en forme. Ils ont suivi le programme comme il le fallait et les résultats seront là."

Vous encadrez également un ensemble d'athlètes venus repérer l'Etape du Tour avec 53x12, le niveau, là, est plus intermédiaire ?
"Oui, ce sont des cyclosportifs lambdas. Le meilleur de ce stage fera peut-être dans les 200 premiers de l'Etape du Tour, mais leur niveau moyen se situe entre la 1000ème et la 2000ème place sur l'Etape du Tour."

Propos recueillis à Saint-Didier le 12 juin 2009.